admin Posteur Passionné
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| Sujet: Richard Avedon bientôt à Paris Lun 23 Juin - 11:32 | |
| Richard Avedon bientôt à Paris Paris vient enfin de se décider à exposer, l’été prochain, au Jeu de Paume*, l’œuvre photographique de Richard Avedon. Cette nouvelle est un événement, tant les portraits noir et blanc de l’Américain, entrés depuis belle lurette dans l’histoire de ce médium, manquaient très cruellement à la capitale. Cette annonce m’a donné envie de réfléchir sur ce paradoxe : un immense photographe jamais exposé à Paris, comment est-ce possible ? En effet, Marilyn Monroe, Nastassja Kinski, Isabelle Adjani, The Beatles, Yannick Noah, Francis Bacon, Antonioni, Picasso, Giacommeti, Marguerite Duras, Truman Capote, Twiggy, Warhol, Björk…, autant de célébrités passées à la moulinette du rolleiflex et de la chambre 8 x 10 de Richard Avedon, décédé en 2004, et jamais une expo ou une rétrospective du photographe dans la capitale française. En fait, résumer le travail d’Avedon né à New York en 1923 à cette liste dorée et alléchante de portraits de la vie culturelle et mondaine d’une époque serait faire fausse route ou tout bonnement passer à côté de cette œuvre immense, n’en déplaise à certains critiques de l’Hexagone qui préfèrent exacerber ce côté mode et commercial du photographe. Il suffit en effet de regarder les images s’égrenant tout au long de son parcours artistique pour s’apercevoir que Richard Avedon cherchait vraiment bien autre chose au travers de ce médium en général, et du portrait en particulier. Preuve à l’appui avec cette belle rétrospective, Richard Avedon – Photographs 1946-2004, qui va donc nous arriver tout droit du Danemark, du Louisiana Museum pour être plus précise, qui va faire escale au Jeu de Paume et remettre quelques pendules à l’heure. Plus de deux cents photographies noir et blanc, tous formats confondus, s’étalant sur près de soixante ans de carrière, voici en chiffres ce qui nous attend. Côté contenu, il sera question autant d’images de mode et de portraits connus (comme Dovima et Veruschka) très représentatifs du Avedon période Harper’s Bazar et Vogue, que de séries artistiquement très fortes, comme In the American West (1979-1984), ensemble de portraits d’anonymes de la côte Ouest, faisant indubitablement croître chez le spectateur une immense et intense mélancolie. Mais en quoi Richard Avedon, contemporain de Diane Arbus, David Bailey et autres Irving Penn est-il un grand photographe ? Vaste question, mais voici quelques pistes. Avedon, a toute sa vie durant utilisé la technique photographique pour se rapprocher de l’altérité. Chez lui l’image de mode est, dès les années 1950, un prétexte à aller au-delà de la “pose”, au-delà du vêtement et du maquillage, au-delà de tout ce qui donne au genre un caractère de jeu sur l’apparence, de jeu sur la personne qui cherche à tout prix à se fabriquer un personnage. Avedon, lui, fait bouger, fait sauter ses mannequins (cf. image ci-dessus) ; il les fait rire, les fait sourire. Il se plaît, dans l’apprêt et la posture, à orchestrer la mise en scène du graphisme des lignes et de la silhouette et, toujours très important chez lui, du visage. Il s’agit avant tout de capter, derrière le masque, l’image d’une femme qui porte, avec fraîcheur et fluidité, et présente, avec esprit et fragilité, des vêtements. Mais Richard Avedon, c’est aussi et avant tout des portraits : des portraits de stars certes, mais également beaucoup de portraits d’anonymes. Et dans ce registre, l’Américain excelle : il scrute et capte avec respect et grande précision l’image de ses sujets qu’il place dans son studio sur un fond délibérément blanc. La figure explose dès lors en surface et contrastes, marques du temps et vulnérabilités aux premières loges ; profondeurs révélées, failles et détresses en pleine lumière. Avec les photographies de son père qu’il saisit, usé par un cancer, Avedon touchera même à l’ultime : un autoportrait ou une vanité de l’humaine condition. A côté de la pose, c’est donc bien sur la “pause”, suspension ou instantané du temps, que le photographe a orienté son art. Sans doute pour mieux frôler, de son œil acéré, cette insoutenable fragilité mortelle de l’être. * Richard Avedon – Photographs 1946-2004, 1er juillet-28 septembre 2008, Jeu de Paume, Paris. | |
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Brigitte Posteur Passionné
Nombre de messages : 2573 Age : 68 Localisation : Clermont-Ferrand Date d'inscription : 08/05/2006
| Sujet: Re: Richard Avedon bientôt à Paris Lun 23 Juin - 13:45 | |
| Wahouuuuuuu, super génial ... je vais pouvoir le voir. Humm quel plaisir. | |
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